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Blockchain Parade

Le 21/03/2019 à 19:00

Intervenants: Raphaël Bastide, Louise Drulhe, Olivier Auber, Emanuele Braga et Maddalena Fragnito

Autres séances: Raconte-moi la blockchain, Code is law, Cryptopolitiques, Chaîne de distribution, Blockchain Parade, Saint-Satoshi priez pour nous, Blockchain my heart, Week-end de clôture

Application la plus emblématique de la technologie blockchain, le bitcoin s‘est incarné par un symbole puis par un caractère typographique inspiré du signe dollar, alors même que son fonctionnement technique est radicalement différent. La séance s'intéresse aux expériences pratiques menées à partir de la blockchain et aux modèles monétaires alternatifs, réalisés notamment à partir du logiciel duniter qui permet de créer des monnaies libres sous forme numérique.

Participant-e-s

Raphaël Bastide

Raphaël Bastide est artiste et designer graphique. Sous le nom du studio ECOGEX, il expérimente une économie de création avec la première vague de cryptomonnaies en 2011. Il a sorti en 2014 un manifeste pour l’identité graphique de Bitcoin.

Louise Drulhe

Louise Drulhe est diplômée de l’ENSAD Paris, designer graphique, dessinatrice et artiste. Elle développe un travail théorique et plastique sur la cartographie et la représentation d’Internet et envisage la spatialisation comme un outil de compréhension socio-politique de cet espace.

Olivier Auber

Olivier Auber est artiste et chercheur indépendant. Il est membre et utilisateur du réseau monétaire Duniter dont il présentera le fonctionnement. Il sort prochainement Anoptikon. Une exploration de l'internet invisible (FYP éditions), un ouvrage qui aborde les questions cognitives sous-jacentes aux crypto-monnaies.

Emanuele Braga et Maddalena Fragnito

Emanuele Braga est artiste, chercheur et activiste. Son travail questionne les modèles de production culturelle, les processus de transformation sociale, l’économie politique et les communs. Maddalena Fragnito est une artiste et activiste culturelle vivant à Milan. Ils viennent présenter Macao, un centre d’art, de culture et de recherche indépendant à Milan qui a mis en place un système monétaire local basé sur les communs et propose un revenu de base à ses membres.

Compte-rendu

« Inventée » par Satoshi Nakamoto (à ce jour personne n'a réussi à savoir qui se cache derrière ce pseudonyme), la technologie blockchain sous-tend la cryptomonnaie Bitcoin, créé en 2008. Il s'agit d'une sorte de registre numérique chiffré qui est partagé entre les utilisateurs et qui enregistre les données et transactions financières, sans l'intervention d'un tiers, comme les banques. La création de ce système de paiement électronique en peer to peer, il y a dix ans, a été motivée par la crise bancaire de 2008 puis les  crises de la dette, et la volonté de trouver un moyen de faire des transactions entre particuliers sans passer par des intermédiaires et les banques… Mais les applications de la blockchain dépassent les simples applications monétaires. La blockchain et ses registres distribuées sont des infrastructures émergentes qui auraient le potentiel de transformer fondamentalement la  manière dont les gens échangent, se font confiance, collaborent, s'organisent ou s'identifient.

Pour l'instant, on constate que ces technologies P2P distribuées, censées renverser les gouvernements et les banques centrales ont rapidement suscité l'intérêt de ces mêmes banques et du monde de la fintech qui ont été particulièrement prompts à les incorporer comme nouveau système de transaction et de paiement électronique... Elles intéressent également des géants du Web comme Facebook qui travaille actuellement au développement de sa crypto-monnaie Libra.

Si cette technologie a été surtout adoptée par des investisseurs et des entrepreneurs, elle est néanmoins aussi employée par les communautés qui explorent les usages radicaux et alternatifs que cette technologie peut générer dans les arts, les médias et dans les formes de gouvernance. Dans quelle mesure les applications de la blockchain peuvent-elles être employées pour un empowerement citoyen, pour organiser des économies civiques et circulaires, ou même créer de nouveaux types d'institutions ?

La séance Blockchain Parade se penche sur ces initiatives et ces monnaies alternatives à Bitcoin, afin d'imaginer de nouvelles formes d'organisations sociales et des échanges plus solidaires. Elle se décline en deux temps avec une première partie consacrée aux tentatives de visualisation du fonctionnement de la blockchain et des crypto-actifs, puis la présentation de projets alternatifs avec Common Coin et Duniter.

Louise Drulhe

La séance s'est ouverte la projection de la vidéo de l'artiste et designeuse graphique Louise Drulhe, Blockchain, une architecture de contrôle, qui tente de représenter graphiquement cette technologie complexe afin d'en questionner les enjeux.

https://vimeo.com/165589644

Raphaël Bastide

Raphaël Bastide revient dans cette intervention sur bitcoin et plus précisément sur sa forme graphique. Application la plus emblématique de la technologie blockchain, le bitcoin s‘est en effet incarné par un logo inspiré du signe dollar, alors même que son fonctionnement technique est radicalement différent. En 2014, il a rédigé un manifeste pour abandonner le logo du bitcoin et le remplacer par un nouveau symbole.

Emanuele Braga et Maddalena Fragnito

Emanuele Braga et Maddalena Fragnito sont artistes, chercheurs et activistes, membres du centre Macao, un centre d’art, de culture et de recherche indépendant à Milan, installé dans un bâtiment occupé. Véritable laboratoire politique, cet endroit engagé tente de développer de nouvelles formes de gouvernance et de production. Macao est né des mobilisations de 2012 à l'intérieur du secteur culturel des industries creatives et des travailleurs de l'art. En novembre 2013, le centre a hébergé l'une des plus importantes rencontre de hackers et développeurs de la communauté Bitcoin de cette période. Par la suite, Macao a initié un débat en Italie autour des économies alternatives et de systèmes monétaires radicalement différents, ce qui a abouti à un symposium en 2014 intitulé Money of the common, qui a rassemblé une communauté italienne d'économistes politiques, de théoriciens et de praticiens. Ils se sont entendus sur une monnaie des communs, non spéculative et non limitée, qui promeut une économie circulaire. Cette monnaie se veut également durable en terme de consommation énergétique, ce qui est pose problème avec l’infrastructure du Bitcoin très énergivore. Ils présentent le projet Common Coin et ses spécificités.

Olivier Auber

Olivier Auber est venu partager son travail réuni dans le livre Anoptikon, une exploration de l'internet invisible, publié récemment aux éditions FYP. Sur la quatrième de couverture, on peut lire : « L’Internet aurait pu être radicalement différent. Le monde aussi. Dans les années 1990, une autre forme de réseau a été expérimentée dans un relatif secret. Il aurait mis les humains en relation sans intermédiaire et sans vampiriser leurs données personnelles. Il n’aurait pas fabriqué les nouveaux empires que l'on connaît mais les opérateurs telecom, les Etats ont rejeté ce réseau et les créateurs du Net ont dû renoncer à sa promesse originelle d'émancipation, d'ouverture et de partage. »

Avec Anoptikon, Olivier Auber propose une tout autre perspective fondée sur ce qu’il appelle l’être en réseau qui augure une nouvelle relation entre l’humain et la technique. Il décrit la blockchain comme un des multiples bricolages qui ont tenté depuis vingt ans de créer des fonctions symétriques sur la base d'un réseau dont le protocole est foncièrement asymétrique (celui exploité par le Web). Il est également utilisateur du réseau Duniter et nous présente Ğ1, une monnaie réellement symétrique.